Magnanville : la commune fait appel à la sécurité privée pour patrouiller dans les rues de la commune chaque soir

Depuis le 11 décembre, Michel Lebouc, maire de Magnanville, commune située dans le département des Yvelines (78) se démarque en faisant appel à la sécurité privée pour patrouiller dans les rues de sa commune.

Michel Lebouc est le seul maire en Île de France à porter un projet tel que celui-ci.
La commune de 6 107 habitants (données Insee 2017) ne dispose pas de police municipale. Les principaux problèmes dans la commune sont les cambriolages et les incivilités. Ce projet a été validé par le préfet et le commissariat de Mantes-la-Jolie.

Dans un entretien accordé à la gazette en Yvelines, le maire, présente le projet en précisant, « C’est ce que j’appelle le pari de la médiation publique-privée. Cela peut choquer car certains maires me l’ont dit. A un moment donné, les questions de sécurité ne sont pas uniquement réservées qu’au service public et aux collectivités ».

Privilégiant « un métier de médiation porté sur la sécurité », Michel Lebouc n’a pas souhaité recruter des éducateurs en prévention spécialisée, car cette initiative a déjà été testée avec son tissu associatif. Le maire attend de l’agent de sécurité avant tout un rôle médiation, de prévention. L’agent est équipé d’un véhicule identifiable.

« Une police municipale n’a pas le même rôle, c’est plus une police de sanction. Je souhaitais travailler la médiation. Au lieu de taper avec la sanction, tout de suite, il y a aussi la prévention. Ils sont formés à la médiation, qui sera en lien direct avec la police nationale » se félicite le premier magistrat. Près de six mois de discussions ont été nécessaires avec les forces de l’ordre pour décrocher un tel accord.

Dans un premier temps, cette expérimentation est lancée pour trois mois afin de recueillir les données nécessaires concernant ce projet.

Le budget annuel est évalué à environ 150 000 € avec le contrat de l’entreprise de sécurité Conexia basée à Limay (78) et le recrutement de deux ASVP à la différence si la commune devait recruter les policiers municipaux avec leur matériel, le budget s’élèverait autour de 450 000 €.

 

Les syndicats professionnels inquiets

L’Union syndicale professionnelle des policiers municipaux (USPPM) et le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) s’inquiètent de cette initiative.

L’USPPM a réagi par l’intermédiaire de son directeur national de la communication, Jean-Louis Del Pistoia sur le recrutement des ASVP : « le maire est le garant de la sécurité sur sa commune et il dispose pour cela de pouvoirs de police, la sécurité publique étant précisée dans le Code général des collectivités territoriales et le Code de la sécurité intérieure. En ce qui concerne les ASVP, ceux-ci ne peuvent l’assurer car, les agents de surveillance de la voie publique ont d’autres prérogatives et compétences, mais en aucun cas la sécurité publique».

Le SDPM a déposé un recours devant le préfet afin de demander des éclaircissements notamment sur la communication de son autorisation et des contrats afin de demander le retrait de cette mesure.

Le syndicat de policiers municipaux estime en effet que « les missions qui consistent à assurer des rondes et de la prévention dans le but de maintenir la tranquillité publique, relèvent des pouvoirs de police du Maire qui ne sauraient, en aucun cas, être délégués à une personne privée ». Il rappelle également que son président a gagné en 2010 un recours contre la Ville de Cluses (74) et la société Securitas devant le tribunal administratif de Grenoble.

 

Crédit : Magnanville / la Gazette en Yvelines

 

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